Les moments forts des éditions Cœlacanthe
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Les Rencontres du Coelacanthe#4 (samedi 20 septembre 2014)

11 Rue du 14 Juillet, 94270 Le Kremlin-Bicêtre, France

Rencontre avec Ahmed SAST, autour de son roman paru l'année dernière :
Djinns et Sultans.

Ahmed SAST

DJINNS & SULTANS

ISBN : 979-10-91275-05-7

SAST retrace ici, avec la magie de la littérature, l’histoire d’un des plus grands sultans de l’archipel des Comores, Hassan II de Ndzuani, qui a connu un destin rayonnant et tragique.

Hassan II nous apparaît ici comme un fin lettré, un érudit, un sage d’entre les sages. Le romancier nous le présente à la croisée des chemins, entre l’ordre ancien et le nouvel ordre chirazien, entre la déchéance et la reconquête du trône, entre les sentiments et la raison d’Etat. Face aux ambitions de ses frères et aux rivalités claniques, le sultan réussira-t-il à éliminer tous ses adversaires pour instaurer la stabilité dans le sultanat de Ndzuani ?

A travers la geste héroïque du sultan Hasan II, c’est l’histoire des souverains de l’archipel qui nous est contée. Dans ce premier volet, SAST nous fait également vivre la bataille de Sima, qui fut une des plus terribles de l’histoire de Ndzuani. Au-delà de la rivalité entre deux cités, Domoni et Sima, ce sont deux frères ennemis qui sont en guerre, avec comme principal enjeu l’unité du sultanat d’Anjouan.



Lus dans la presse :

 

Un roman historique

31 juillet 2014

Académie des sciences d'outre-mer

Les recensions de l’Académie

 

Djinns & sultans / Sast

éd. Coelacanthe, 2013

cote : 59.495

 

Ce livre est un roman historique, dont l'auteur, journaliste, dramaturge et romancier, a déjà écrit des nouvelles où il dépeint avec bonheur les travers de la société comorienne contemporaine. Il n'a pas eu la prétention de faire œuvre d'historien. 

L'action a pour cadre l'archipel des Comores, selon toute vraisemblance au moment de la transition entre les Fani et l'avènement des sultans chiraziens c'est-à-dire au seizième siècle. L'intrigue se situe dans le milieu des familles régnantes, mais nous n'en ferons nul grief à l'auteur. Après tout Corneille et Racine se sont-ils aperçus que des paysans et des gens modestes vivaient en dehors des palais où ils campent les personnages de leurs tragédies ? Il est permis d'en douter.

L'historien des Comores retrouve avec un certain agrément des noms qu'il a fréquentés jadis: Cori Dazi, Fani Ali, Djumbé Fumu etc… Et les Comoriens, du moins ceux qui connaissent un tant soit peu les légendes et les traditions orales de leur archipel, partageront ce plaisir.

Le roman recrée (ou plus exactement imagine) les aventures du Sultan Hassan II d'Anjouan, du lignage Al Madwa, personnage entré dans la légende pour son ardeur au combat, et auquel ses multiples succès à la bataille valurent le surnom de Mshinda, le victorieux. Sorti vainqueur des luttes qu'il eut à mener contre ses frères, qui étaient parfois aidés de mercenaires sakalava, il parvint à unifier politiquement l'île d'Anjouan et à asseoir son hégémonie, au moins temporairement, sur ses deux voisines Mohéli et Mayotte. Il est ici représenté sous les traits d'un prince arabe de grande culture et profondément religieux.

 Le récit prend de même quelques libertés avec la chronologie et la bataille de Ouani à Anjouan et celle d'Iconi, à la Grande Comore, qui virent les Comoriens repousser les assauts malgaches, se situent aux alentours de 1800 et non au dix-septième siècle. La bataille de Sima, victoire définitive du héros, fut-elle une des plus sanglantes de l'histoire des Comores? Elle dut ressembler à celles que se livraient les héros d'Homère: c'est-à-dire se limiter à un copieux échanges d'invectives et à quelques horions à l'issue desquels on relevait trois morts sur le terrain… 

L'auteur a de même inventé une titulature nobiliaire comorienne inspirée de celle la féodalité chrétienne occidentale: c'est ainsi que nous apprenons (pp.29, 138 et autres) qu'il existait un duché de Msapéré et une marquise de Mtsamboro, (à Mayotte) un duché de Sima (à Anjouan) etc. Mais il est vrai qu'au dix-huitième siècle les habitants de Mutsamudu n'hésitaient pas à se parer de titres empruntés à la cour anglaise : il existait ainsi un prince de Galles, un duc de Norfolk etc. 

Au total un roman d'une lecture plaisante qui nous rappelle pourquoi l'auteur français Urbain Faurec a pu qualifier les Comores d'archipel aux sultans batailleurs. 

Jean Martin 

Interview de Ibrahim Abdou El Mahad. « Le shikomori est un choix naturel »

24 juin 2014

 

Ibrahim Abdou El Mahad, jeune comorien originaire d'Iconi, étudie la chimie à Madagascar. Il vient de publier aux éditions Coelacanthe le premier recueil de poèmes en comorien.

 

Vous êtes le premier poète comorien à publier un recueil en shikomori, pourquoi avez-vous choisi cette langue ? 

Je pense qu’il n’y a rien de plus naturel pour un poète comorien que d’écrire en shikomori. Donc pour moi c’est un choix tout à fait naturel. Cependant, je pense aussi que si j’écrivais en français, je n’aurai pas été aussi motivé. J’ai été motivé par le fait que notre langue tend à disparaitre. On nous apprend la poésie française mais on oublie que notre langue est une langue poétique aussi. Ecrire en shikomori est une façon pour moi de contribuer à redonner vie à notre belle langue, à conserver cet héritage dont nous pouvons être fiers.     

 

Quels sont les thèmes que vous abordez dans ce livre ? 

J’ai abordé plusieurs thèmes dont  l’amour, la mort, l’amitié et bien d’autre encore que je laisse aux lecteurs le soin de découvrir …

 

 Parmi ces thèmes c’est l’amour qui domine, l’amour en shikomori est-il différent de l’amour en français ?  

Il faut avouer qu’il est plus facile d’atteindre certaines dimensions en amour lorsqu’on écrit en français que quand on écrit en shikomori, comme il l’est en arabe plus qu’en français.  A mon avis, certains thèmes sont beaucoup plus abordables dans une langue que dans une autre. 



Vous êtes jeune, que savez-vous des tourments de l’amour ?

Le terme « jeune » est relatif surtout lorsqu’il doit être utilisé pour quelqu’un qui approche la trentaine. J’ai connu l’amour fou et déroutant, l’amour doux et fleurissant, l’amour solitaire, et l’amour égoïste.  J’ai aimé et j’ai été aimé de toutes les manières. Donc, oui, je suis un jeune poète mais pas un jeune amoureux. Il faut savoir que je n’ai pas choisi ce thème pour être un thème central, moi-même j’ai été surpris quand j’ai réuni mes poèmes de voir que j’ai écrit beaucoup plus sur l’amour que sur les autres thèmes. 

 

A l’origine vous n’êtes pas un littéraire, qu’est-ce qui vous inspire ?

Je pense que nous sommes tous des poètes quelque part. Seulement le monde appelle poète celui qui parvient à exprimer ses impressions  avec les mots. Je suis né et j’ai vécu dans le monde soufi, qui est un monde très poétique. Il faut ajouter à cela le fait que je suis quelqu’un d’un peu solitaire.  Je suppose que cela m’a aidé à me débloquer et à faire du papier un interlocuteur. 

 

Avez-vous d’autres projets littéraires, en shikomori ou en français ?

Ecrire en français non, en arabe peut être. Je voudrai bien apprendre l’arabe dans le  but de pouvoir rêver en arabe. En ce qui concerne le shikomori, je voudrais d’abord mieux l’apprendre car c’est une langue très riche que je suis loin de maitriser parfaitement. Je prévois de publier encore si Dieu me le permet, car dès qu’on commence à écrire, on ne peut plus s’arrêter. L’écriture est une véritable drogue dont on ne peut se débarrasser facilement. 

 

Vous voulez apprendre le shikomori ? Pourtant beaucoup aux Comores pensent qu’on n’a pas besoin d’apprendre cette langue…

Ils se mettent le doigt dans l’œil comme on dit. Même ceux qui veulent ou voudront travailler sur cette langue dans le but de la rendre officielle doivent passer beaucoup de temps à l’apprendre, à mieux saisir ses nuances. Avec le temps, notre langue s’est enrichie. Elle ne s’est pas contentée d’emprunter des mots, elle a adopté aussi des sons. A titre d’exemple, nous prononçons le « d » » de trois manières différentes : D (DouDou) comme en français, D (Dunia) comme en arabe et D (mbeDume) comme dans certaines langues africaines. Plus, j’apprends le shikomori et plus je me rends compte de mon ignorance. De nos jours, rares sont ceux qui peuvent se vanter de maîtriser notre langue.

Propos recueillis par Mahmoud Ibrahime

Sast présente son dernier roman à l’Afc de Moroni

L’écrivain Saïd Ahmed Saïd Tourqui (Sast) a donné une conférence de presse, jeudi 20 février à l’Alliance franco-comorienne de Moroni, près d’un mois après la sortie de son dernier roman, «Djinns et Sultans».

Expérimentant un nouveau genre avec ce roman historique, ce passionné d’histoire a livré la genèse de son dernier-né.

«Quand je présente des pièces de théâtre ici à l’alliance, je suis ému car ici, j’ai participé à des concours d’orthographe», a-t-il d’emblée annoncé. «J’ai aussi participé à un concours de nouvelle ici, en 1992 et j’ai fini deuxième. C’est à partir de ce moment-là que j’ai su que je voulais écrire», s’est souvenu Sast avant d’ajouter: « J’ai baigné dans cette culture, mes parents au retour de voyages, me ramenaient toujours un sac rempli de livres ».

Revenant sur la genèse elle-même, Sast a insisté au préalable sur «la difficulté de créer, de produire mais aussi de diffuser, surtout que dans les pays comme le nôtre, l’art est le parent pauvre».

«Faire le passeur»

S’agissant de son dernier roman, Saïd Ahmed Saïd Tourqui dit avoir défini ses objectifs en 2010 car jusque-là, il écrivait « sans direction ». C’est ainsi que sont nés ses deux dernières oeuvres : «Le sang des volcans», qui est une trilogie qui s’étale de la période coloniale jusqu’à l’époque contemporaine et, pour la dernière oeuvre, il a voulu raconter une histoire de capes et d’épées mais à la sauce locale, «Sabres et turbans». «C’est en faisant mes recherches que j’ai trouvé des personnages qui ont marqué l’Histoire des Comores et surtout il fallait que je sorte du carcan fantasmé de la trilogie hollywoodienne », avant de préciser que «ce dernier roman allait se décliner en six tomes».

Pour le premier tome, Sast a choisi d’écrire sur deux demi-frères ennemis : le roi Hassan et le prince Ali.

Les deux personnages principaux de ce roman se sont livrés des batailles sanglantes pour le trône de Ndzuani. Il retrace ainsi la bataille de Sima qui a été l’une des plus sanglantes de Ndzuani.

«Hassan 2 a gagné cette guerre à la suite de laquelle il est parvenu à réunifier le sultanat de Ndzuani et a fait en sorte que Mayotte et Mwali soient des sultanats vassaux de Ndzuani», a-t-il expliqué.

«J’ai essayé de donner corps à la rivalité qui prévalait entre deux cités, Sima et Domoni; des deux, Sima était la plus importante et ses dignitaires ne voyaient pas d’un bon oeil la perte de cette suprématie au profit de Domoni», a-t-il déclaré.

Etant un passionné d’histoire, «je voulais faire le passeur avec les nouvelles générations dans mes romans avec des personnages de notre histoire car au-delà de mon inclination pour le passé de notre pays, peu de Comoriens connaissent notre histoire».

«Par contre, je me suis permis quelques libertés tout en restant dans des approximations historiques vraisemblables» a-t-il reconnu. Et de reprendre: «j’ai essayé d’éviter les anachronismes du mieux que j’ai pu mais il n’est pas dit qu’il n’y en aura pas».

 

Faïza Soulé Youssouf

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